Histoire
 

Gichin Funakoshi

Sur l'île baignée par le soleil du sud
l'art de la main nue est tombé du Ciel,
et cela me fait peur car il ne doit pas s'éteindre.

                                     Gichin Funakoshi (1868-1957)

L'origine

     Les art du combat d'Asie sont intrinsèquement liés aux religions, aux systèmes philosophiques (Bouddhisme et Taoïsme) et aux techniques médicales (acuponcture, respiration, ...).

Ils reposent sur une parfaite connaissance du corps humain, tant du point de vue anatomique et physiologique que psychique.

Légende ou  réalité, vers le début du VIième siècle, un moine bouddhiste venu de l'Inde, du nom de Bodhidharma (fondateur du Bouddhisme Zen) arriva au monastère de Shaolin.

Il y a développé quelques méthodes d'éducation physique pour ses disciples. En effet, la discipline religieuse dans le temple était si rigide qu'il voulait leur donner la force mentale, la résistance et le pouvoir physique nécessaires à la rude vie à l'intérieur du temple.

Plus tard, la légende raconte que le temple de Shaolin aurait été détruit dans un incendie, et que les moines survivants se seraient dispersés à travers la Chine, propageant leur art de combat sous le nom de "Shaolin Su Kempo", actuellement dénommé "Quan-fa de Shaolin" ou encore "Kung-fu de Shaolin".
 

Par la suite, cet art martial a été importé sur l'île d'Okinawa. Au XVième siècle, Okinawa passe sous domination chinoise. L'interdiction absolue du port des armes sur l'île, exigée par les chinois, poussa les habitants à développer au maximum l'art du combat à main nue.


L'Okinawa-Te, se développa rapidement au sein de la population lorsque 300 000 samouraïs du clan Satsuma envahit l'île en l'an 1609 sur l'ordre du Shogun. Afin d'éviter les révoltes de la part des habitants, le Seigneur renforca l'interdiction du port des armes blanches.

C'est à cette époque que l'Okinawa-Te fut utilisé pour combattre l'envahisseur avec des techniques rigoureuses et très efficaces. Les habitants s'entraînaient la nuit en secret, formant leur corps et leur esprit au combat. L'enseignement de maître à disciple se fait oralement, et par l'intermédiaire des katas.

Comme ce fut le cas de la capoeira noire à l'encontre des oppresseurs en amérique latine, les techniques d'Okinawa-te s'intégrèrent dans les danses traditionnelles pour tromper le contrôle des occupants.

Okinawa

En l'an 1733 naquit à Shuri, Teruya Kanga, qui fut considéré plus tard comme le père fondateur de l'ancienne technique Okinawaienne de combat à main nue. Il entra dans l'histoire sous le nom de Tode Sakugawa. Grâce à plusieurs voyages qu'il effectua en Chine pour travailler ses connaissances de l'art, il put étudier et former différents disciples à son retour sur l'île d'Okinawa.

A partir du XIXème siècle, l'Okinawa-Te se structure enfin. Plus nombreux sont les experts qui travaillent ensemble dans la même voie du combat. Parmi eux, un nom que l'on retiendra, celui de Sokon Matsumura. C'est lui qui fut le premier Maître officiel à jeter les bases d'une véritable école de karaté Okinawaienne, le Shuri-Te.

En 1868 commence une nouvelle période de l'histoire d'Okinawa avec la montée sur le trône impérial du jeune Mutsu-Hito. C'est une véritable rupture avec un passé féodal. Pour l'Okinawa-Te, c'est la fin de la clandestinité et de son utilité guerrière. En l'espace de 20 ans la motivation dans la pratique de l'art mortel des Ryû Kyû changea. Celui-ci se transforma lentement de technique guerrière en technique éducative, passant notamment par le maître Anko Itosu qui introduisit l'Okinawa-Te à l'école en 1902.

A partir du XXième siècle, de nombreuses écoles de karaté commencèrent à se distinguer sur l'île d'Okinawa et ce grâce à la formation de nouveaux élèves et aux fusionnements de différents styles. A cette époque, les trois styles de karaté majeurs sont le Shuri-Te, le Naha-Te et le Tomari-Te.

Il faudra attendre l'an 1916 pour que plusieurs maîtres de l'Okinawa-Te acceptent de démontrer publiquement leur art qui jusque là était resté secret. L'histoire retiendra le nom de Gichin Funakoshi, originaire de Shuri, qui partit le premier au Japon afin de démontrer son art lors d'une manifestation importante organisée par Jigoro Kano, fondateur du Judo, en 1922. Le public japonais fut émerveillé par ce nouvel art du combat qu'il ne connaissait pas. En 1938, Gichin Funakoshi fonde son propre Dojo à Tokyo, qu'il appellera le Shotokan. C'est à cette époque également que le nom de Okinawa-Te fut changé en celui de Karaté-Do afin de rompre la tradition chinoise face aux japonais. Le code du guerrier japonais fut intégré dans le Karaté de Funakoshi par le fils de ce dernier.

Le karaté s'est répandu en Europe occidentale après la seconde guerre mondiale et les américains s'en inspirèrent pour la création du full contact. Les premiers championnats du monde de karaté se déroulèrent à Tokyo en 1970, et c'est à cette occasion que fut créé la fédération internationale de karaté (WKF, World Karaté Federation).

Actuellement, il existe de nombreux styles de Karaté, mais les cinq principaux sont :

  • Shotokan     (la maison de Shoto, Shoto étant la signature de Gichin Funakoshi)

  • Wado-Ryu    (la voie de la paix)

  • Shito-Ryu     (l'école du fil de l'ouest)

  • Goju-Ryu      (l'école du dur et du souple)

  • Kyokushinkai

Le Karaté est aujourd'hui un art martial très populaire dans le monde. Contrairement au Judo et à l'Aïkido, le Karaté ne fut jamais l'œuvre d'un seul homme, mais celle de plusieurs générations de maîtres et de disciples, à travers une multitude d'écoles et de styles originaux qui conservent aujourd'hui encore, toutes leurs caractéristiques spécifiques. Il y a actuellement plus de 250 000 licenciés en France. Les karatéka seraient environ quinze millions dans le monde entier.